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Photo du rédacteurJean-Luc Modat

Etiennette de Castelnou !

Quel délicieux et charmant petit village médiéval ! Lové au coeur du maquis catalan environné de cistes, genets, bruyères et chênes méditerranéens, c'est un havre de quiétude. Quelques vignes opiniâtres s'obstinent encore à pousser, vestiges de l'activité agricole d'antan du village. Le temps semble là, suspendu, immobile. Quand déboule l'Eté, il faut les entendre, les cigales chanter à tue-tête comme pour faire taire les intrus ! Pas la moindre brise. Castelnou s'e transforme'offre en une oasis de fraîcheur dans un océan de torpeur aride.  

  © copyright Jean-Luc Modat 2024

Castelnou ! Village de mes aïeuls m'a-t-on toujours dit… Mais qu’il est le loin ce temps où le petit village était tout entier dédié à l’agriculture de subsistance ! Où les ruelles résonnaient du pas lent des mules et des bourricots, des bêlements du troupeau de chèvres... Chacun se connaissait. "Fins aviat!" (à bientôt) "Bon dia" (Bonjour) Lançait-on pour ponctuer les conversations. L’accent était chantant, rocailleux, catalan ! L’époque où les « ninots » (Petits enfants) descendaient le sentier escarpé menant à la fontaine pour aller chercher de l’eau…. En ce temps-là, l’eau était précieuse ! La vie consacrée aux labeurs des champs. Etiennette l’avait bien connu, ce temps… Elle qui avait dû quitter son village natal de Camélas pour franchir  les quelques kilomètres qui la séparaient de Castelnou pour venir s'y marier.

  

Dès que vous franchissiez la « Porte » de Castellnou, sur la gauche, vous découvriez une boutique extraordinaire, inclassable, improbable ! Une boutique animée par un singulier personnage, Etiennette, depuis des décennies, vraie écolo dans l’âme avant les imposteurs bobo citadins. Les herbes de nos campagnes n'avaient aucuns secrets pour elle !

  © copyright Jean-Luc Modat

 ETIENNETTE photo Jean-Luc Modat 05-2007

"Pourquoi hésitez-vous ? Entrez donc !" Lançait-elle goguenarde et un xic (un peu) provocatrice aux visiteurs timides. Aussitôt, de surprenantes effluves de parfums de la garrigue étonnaient vos narines. Là, chacun était transporté vers son imaginaire, ses souvenirs d’enfance, vers l’époque révolue où il faisait bon vivre, où chacun appréciait à sa juste mesure le moment et l'instant présent. De suite, c’était l’envoûtement ! Suspendus au plafond, des bouquets d’immortelles sauvages séchaient. Plus loin, des artichauts se pâmaient de leurs fleurs d’un beau bleu lumineux… La monnaie du Pape était omniprésente, ainsi que de merveilleux petits chapeaux patiemment tressés par Etiennette qui embaumaient la lavande. Mais le plus surprenant était ses poèmes ! Elle qui n'était pas allé trop longtemps à l'école...

 

La fount dels ninots (Fontaine des enfants)

Aujourd’hui, dans les ruelles, l’accent a hélas bien changé… Rares sont les catalans de vieilles souches vivants encore au village ! Villégiatures et demeures de week-end, ne peuvent-elles favoriser les liens sociaux ? La santé chancelante d'Etiennette a eu raison de sa boutique improbable... Elle a fermé, puis Etiennette s'en est allée discrètement emportant avec elle nombres de ses secrets botaniques.

«C’était ainsi notre temps »

«A cette époque-là on se sentait heureux et tout nous semblait beau,

Pourtant dans nos maisons, nous n’avions pas encore l’eau

Avec nos récipients on descendait vers la fontaine

Il fallait bien en remonter avec nos cruches pleines (…)

Bien sûr à cette époque là, nous n’avions pas beaucoup de commodités

On se déplaçait qu’en vélo le plus souvent à pied

Quand on voulait déjeuner… il fallait allumer le feu,

 On devait aller ramasser un peu de bois se que l’on trouvait de mieux» (…)

Morceau choisi de Poème écrit par Etiennette en 1994

Reportage et photos jean-luc Modat © copyright

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